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Blé tendre : une campagne « très tendue » selon Agritel

« La marge de manœuvre pour le bilan français du blé est limitée et nécessitera forcément un ralentissement de la cadence à l’export », assure Nathan Cordier, analyste en chef chez Agritel. © R. FOURREAUX

Hypervolatilité, blé français « trop sollicité », récoltes d’automne catastrophiques… « La situation peut basculer à tout moment », s’est alarmée la société de conseil Agritel, mardi 30 août.

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« L’hypervolatilité marquera encore le marché du blé dans les mois à venir », ne peut qu’appuyer Michel Portier, DG d’Agritel, en observant la situation géopolitique, les aléas climatiques actuels, le contexte macroéconomique et « la crise énergétique qui menace la demande industrielle en Europe ». Bref, pour la société de conseil, les tensions sont très présentes sur le marché mondial et « la situation peut basculer à tout moment ».

Une demande à l’export trop importante

Le blé français, dont la production qui « déçoit au sud et rassure au nord » est désormais estimée à 33,63 Mt, est très demandé de la part des États membres de l’UE comme de celle des pays tiers (Maroc, Algérie, Afrique subsaharienne, Égypte, Yémen, Pakistan…). « Les sollicitations sont trop fortes », souligne Nathan Cordier, responsable de l’analyse de marché chez Agritel. En effet, 25 % de l’export potentiel vers pays tiers (estimé à 10,2 Mt) est déjà réalisé au bout de deux mois de campagne. Ce démarrage en trombe constitue même un record.

« Pour que le marché français puisse s’équilibrer, la demande export devra ralentir, soit par une hausse des prix, soit par la montée en puissance des blés de la mer Noire », analyse-t-il. Avec des disponibilités records en Russie, dépassant les 100 Mt de blé pour la première fois de l’histoire (95 Mt de production et 13 Mt de stocks), et l’ouverture du corridor maritime en Ukraine, « le marché s’est progressivement rassuré, mais la Russie sera-t-elle en capacité d’accélérer sa cadence à l’export ? s’interroge-t-il. Et le commerce ukrainien reste soumis aux aléas du conflit ».

Une récolte de maïs catastrophique

En dépit de la crise qui touche l’élevage français, le blé est également davantage sollicité en alimentation animale, car plus compétitif et plus abondant que le maïs. Agritel confirme que les récoltes d’automne s’annoncent catastrophiques. La production française de maïs est ainsi prévue à 10,8 Mt, « au plus bas depuis plus de vingt ans », et celle de tournesol, à 1,75 Mt. En revanche, le séchage s’annonce limité. Tant mieux au vu des prix du gaz.

Renaud Fourreaux

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